Signes du zodiaques et planètes
Signes du zodiaques et planètes

Les limites de l'astrologie, du mythe à la réalité
Science et astrologie : deux croyances qui s'opposent

Que peut-on prétendre savoir du réel objectif ? Que sait-on de l'objet tangible, extérieur au sujet qui le perçoit et l'observe ? En tant que sujet, on ne peut avoir qu'une connaissance subjective du réel qui imprime dans notre imaginaire – réalité intérieure propre à chacun – une image, une emprunte liée à l'Expérience qu'on en fait, une donnée mnésique, tels les reflets et les ombres évoqués par Platon dans son allégorie de la caverne.

Les deux réalités : l'une extérieure, l'autre intérieure.

L'astrologie renvoie aux mythes fondateurs de l'humanité, à la cosmogonie et aux récits des origines. Elle désigne des archétypes inscrits dans notre esprit, c'est-à-dire notre monde intérieur relié à la réalité tangible par nos sens. Si nos perceptions sensorielles ne nous permettent pas de connaître le réel, du moins nous permettent-elles de le ressentir. À ce titre, on peut dire du réel qu'il est Transcendantal du point de vue de notre sensorialité, puisque celle-ci constitue un prisme qui le déforme, le transcende.

Reflet allégorique de la réalité cosmique, l'interprétation d'un thème astral est une métaphore supposée révéler le fil conducteur de notre monde intérieur, réalité consciente ou inconsciente : émotions, sentiments, pensées, mais aussi notre façon de réagir à ces ressentis.

Carl Gustave Jung a consacré une grande partie de sa vie à étudier les mythologies, et en particulier celles qui sont à l'origine de l'alchimie et de l'astrologie . Tradition orale sans doute durant des millénaires, les premiers écrits découverts par les archéologues datent de plus de 6 000 ans. Brulée sur le bucher de la pensée unique scientiste, l'astrologie tente aujourd'hui de renaitre de ses cendres, non sans soulever quelques questions :

Quel espace reste-t-il à notre imaginaire pour se Représenter le monde et la place de l'Homme sur la planète Terre, cette poussière d'étoiles perdue au milieu de l'univers ?

Poussière d'étoiles fait référence au livre d'Hubert Reeves. Cet astrophysicien, poète doué pour la vulgarisation, présente la genèse du monde dans une remarquable allégorie, expliquant comment, du chaos initial issu du Big Bang, le jeu subtil des lois de la nature tire une succession de structures toujours plus délicates et complexes : particules, atomes, molécules, cellules, êtres vivants, puis les êtres pensants. Tous les fruits de la gestation cosmique en sont issus. La science moderne nous donne à voir les lieux où mûrissent ces fruits. Les grands télescopes observent la naissance des étoiles au sein des nuages galactiques multicolores, leur mort, lente ou cataclysmique, qui sème dans l'espace les poussières dont sont faites les planètes. La variété surprenante de ces planètes et de leurs satellites nous est révélée par les sondes spatiales. Puis, s'orientant vers une planète bleue, la troisième en partant du soleil, notre regard plonge dans l'océan primitif pour assister, dans l'explosion de ses formes, à l'émergence de la vie. Néanmoins, notre vie intérieure, nos pensées, nos émotions, sont-elles totalement maîtrisées par la science ?

Au-delà de ses interrogations, la question fondamentale de l'astrologie est de savoir quelle est la nature de la filiation entre le cosmos et l'Homme sur sa planète bleue. Les liens sont sans doute autant physiologiques que psychologiques, et pourquoi pas conditionalistes, mais rien ne permet – objectivement – de qualifier ni de mesurer l'ascendance de Mars, de Vénus, ou de Jupiter, dans notre vie sur notre géosphère.

Faute de discerner ce réel inaccessible par les sens, l'Homme en parle depuis la nuit des temps comme une métaphore de l'espace intérieur, cet espace qu'on appelle psyché, ou l'âme. C'est ainsi qu'est née l'astrologie, il y a plus de 6 000 ans : une allégorie de notre psyché, qui raconte l'histoire de notre réalité intérieure. Interpréter une carte du ciel – pour l'astrologue convaincu d'en détenir les clefs – c'est prétendre révéler l'histoire de cette réalité intérieure.

Bref, pour dire les choses simplement, en désignant les astres qu'il voyait dans le ciel, l'Homme leur a donné des valeurs symboliques en lien avec ses émotions et sa vie intérieure. Ainsi, aujourd'hui comme aux premiers jours, avant de se lire dans le ciel et les astres, l'astrologie vit depuis des millénaires dans la tête des gens, à leur insu souvent, pour ceux qui la dénient... L'astrologie, réalité intérieure indéniable, est née d'un imaginaire qui s'efforce de raconter ce qu'il voit au-dessus de sa tête, en pure projection de ce qui se passe dans sa tête.


Allégorie des trois mondes où vivent les esprits dans les corps

1. Les trois mondes

Il y a d'un coté le monde des objets réels, de l'autre celui des images du monde réel, et enfin le monde du symbolique qui tente de rendre compte des images par le langage, parlé, écrit, ou gestuel. Un échange verbal entre deux humains ne peut se situer que dans le monde du symbolique. D'où les difficultés à accorder les imaginaires respectifs du parlant et de l'écoutant autour de l'objet réel que ni l'un ni l'autre ne peut connaitre (cf. la caverne de Platon. Lire aussi l'article sur  l'enseignement de Jacques Lacan).

2. Les anneaux de Borromée

Rien à voir avec le célèbre roman de J.R.R. Tolkien « Le Seigneur des anneaux ». Là, ils sont trois, enlacés, entrelacés, inséparables. Si toutefois l'un des trois est brisé, quel qu'il soit, les deux autres sont séparés. Physiquement, dans le réel en trois dimensions, l'objet qu'ils forment est un « objet impossible ». Seule sa représentation peut en être donnée, sous la forme d'une image, comme celle présentée ci-dessous.


Cette image en 3D d'un nœud borroméen montre l'impossibilité physique de l'entrelacs des trois anneaux : en suivant l'anneau rouge dans le sens des aiguille d'une montre, on le voit passer en haut à droite sur l'anneau bleu, puis sous l'anneau doré, puis de nouveau sur le bleu, et enfin sous le doré encore. L'anneau doré étant placé sous le bleu, il n'est pas possible que le rouge puisse passer en même temps sous le doré et sur le bleu...

Bien sûr, ce type d'objet impossible excite les neurones des scientifiques et des mathématiciens qui en sont friands ; ils s'amusent comme des fous avec ça. Au lieu de décrire le charme de ces entrelacs colorés, ils vous expliquent ces anneaux de Borromée avec de belles équations, versus « représentation par 3 ellipses dont les grands axes sont deux à deux orthogonaux... » :

Rien de semblable dans le récit qui suit. C'est même exactement le contraire, dans le but de souligner combien une vision scientifique du réel peut occulter celui-ci, empêchant l'imaginaire d'accomplir pleinement sa mission : être dépositaire de la représentation du réel (les ombres et les reflets dans la caverne de Platon).

3. Ballade bucolique dans les anneaux de Borromée

Il était une fois. un sage et un homme de sciences se promenant ensemble sur le chemin des montagnes enchantées, au pays des trois mondes borroméens. L'homme de science sera appelé « le docteur » dans le récit.

Le sage dit au docteur : suis-moi, je vais te faire découvrir les trois mondes où vivent les esprits dans les corps.

Le docteur : ah bon ? Je n'en avais jamais entendu parler jusqu'à maintenant. Je suis curieux de découvrir ce que tu promets de me montrer. Qui te l'a fait découvrir, à toi ?

Le sage : si je te le dis maintenant, je crains que tu ne veuilles plus me suivre. Alors je te le dirai plus tard.

En chemin, la pluie vient les rafraichir, en même temps qu'elle détrempe la terre assoiffée. Tous deux marchent sous l'ondée persistante. Le sol ne boit que ce dont il a besoin pour se désaltérer, puis recrache le trop-plein qu'il étale en larges flaques.

Dès l'apparition des premiers rayons du soleil, quelques nuages blancs entourent un superbe arc en ciel en illuminations chatoyantes.

Le docteur, préoccupé par ses équations abandonnées dans son laboratoire, jette un œil distrait sur le paysage environnant.

Le sage lui dit alors : regarde là, juste devant tes pieds, que vois-tu ?

Le docteur répond : je vois une grande flaque d'eau.

Le sage : et rien d'autre ?

Le docteur : ma foi non.

Le sage : regarde mieux.

Le docteur : je peux parler de l'eau, la matière qui la compose, me demander si elle est pure ou contient d'autres substances dissoutes.

Le sage : oui, tu y es presque. Que vois-tu dans cette flaque, à part l'eau ?

Le docteur : il me faudrait en prélever un échantillon pour que je l'examine dans mon laboratoire sous le microscope, et que j'en face des analyses.

Le sage : serais-tu si aveugle que tu ne vois rien d'autre que ce que tu imagines dans cette flaque : de la matière, des molécules, et toutes ces choses qui t'empêchent de voir le monde qui t'entoure ? Écoute-moi, doc, oublie que tu regardes de l'eau, et dis-moi enfin ce que tu vois – vraiment – dans cette flaque, avant qu'il ne soit trop tard.

Le docteur : pourquoi « trop tard » ?

Le sage : le monde ici change si vite que tu n'auras encore pas vu le reflet de celui-ci qu'un autre l'aura remplacé au-dessus de ta tête.
Regarde bien dans cette petite marre, juste devant tes pieds : n'y vois-tu pas chatoyer ce magnifique arc en ciel que nous offre la rencontre amoureuse du soleil et de l'averse ? Admire le scintillement des nuages qui peuplent le ciel, dans leur écrin azuré cerné par la terre humide qui entoure la flaque. Approche ton visage plus près, et tu pourras y voir parmi ces reflets irisant, celui de ton propre visage.

Le Docteur se penche en avant. Une larme lui surgit de l'œil, roule sur son visage, puis tombe dans la flaque en formant des petits ronds s'élargissant en ondes jusque sur les bords. Il vient de découvrir l'existence des trois mondes où vit son esprit dans son corps, sans en avoir la certitude. Il se sent soudain envahi par le doute, la mise en équation de ce qu'il voit lui manque, absence angoissante pour son intelligence scientifique.

Il demande alors au sage : bon, c'est bien beau tout ça, mais sommes-nous bientôt arrivés là où tu as promis de me faire découvrir les trois mondes dont tu m'as parlé ?

Le sage : tu ne regardes donc jamais où il faut ?

Le sage poursuit : et même si je t'indique où porter ton regard, tu restes aveugle à ce que tu me demandes de te montrer. Tu cherches, tu attends de la science qu'elle t'apporte des réponses aux questions qui te tourmentent. Tu refuses la lumière que tes yeux reçoivent pourtant. Le monde qui t'entoure, sans le savoir tu sais que tu ne le connais pas et qu'il ne t'est pas possible de le connaitre. Mais comme tu ne le sais pas, tu t'évertues – en vain – à vouloir encore et encore le connaitre. Ce que tu connais de lui n'est que son image, son reflet, ses ombres. C'est de ça dont tu parles lorsque tu crois décrire le monde. Ton discours, le langage que tu utilises, est composé des symboles qui te permettent de rendre compte de ce que le monde que tu regardes a déposé dans cette partie de ton esprit qu'on appelle « imaginaire ». Les trois mondes annoncés plus haut sont là, dans l'esprit que ton corps héberge le temps de ta vie sur la planète terre :

  1. Le monde réel, que tu ne connais pas et ne peux pas connaitre.
  2. Le reflet que ce monde réel dépose dans les tiroirs aux images de ton esprit. On a donné un nom à ces tiroirs : l'imaginaire.
  3. Enfin, ton esprit a été éduqué aux symboles du langage, pour que ta parole soit comprise par tous quand tu l'utilises pour rendre compte à tes congénères de ce qu'il a dans tes tiroirs aux images.

L'homme de science de cette historiette, je l'espère, aura compris le sens de la métaphore des trois mondes. Le sage peut maintenant lui révéler l'identité de celui qui lui a fait découvrir ces trois mondes : c'est l'un des plus incompris parmi les philosophes du XXe siècle, Jacques Lacan...

4. Magritte, peintre surréaliste, disciple de Lacan...


Illustration des trois mondes vus par Magritte
Huile sur toile 60 x 80 cm, 1929, « La trahison des images »,
exposée au Los Angeles County Museum of Art

 

Crédit image :
Wikimedia commons
Los Angeles County Museum
Éditions EditAuteur.fr

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